De l’éléphant au pangolin, le mythe de l’ivoire et des écailles


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Défenses d'éléphants
Des défenses d'éléphants © Eagle Togo

Le pangolin, l’éléphant, le rhinocéros et l’hippopotame pourraient disparaître du continent africain. En effet, ces espèces animales sont toujours braconnées, alors qu’elles sont classées comme espèces en danger.

Les réseaux du crime organisé qui revendent l’ivoire des éléphants d’Afrique se tournent désormais aussi vers le pangolin. D’énormes quantités sont acheminées vers l’Asie, malgré l’interdiction mondiale du commerce des huit espèces de pangolins, et les législations protectrices des pays d’Afrique.

Le pangolin, victime de mythes

C’est la demande internationale qui est à l’origine du braconnage et de son commerce illicite. En effet, la viande du pangolin est un mets recherché en Asie. En outre, on attribue à ses écailles des propriétés magiques et curatives.

Ainsi, trois tonnes d’écailles de pangolin ont été saisies à Abidjan (Côte d’Ivoire) en 2017. En 2018, plus de vingt tonnes ont été saisies dans la ville portuaire de Pointe-Noire (Congo) et neuf tonnes en 2020. En 2022, ce sont plus de 600 kilos qui ont été saisies à nouveau en Côte d’Ivoire, représentant le massacre d’environ 3000 pangolins.

Un commerce international

Parmi les trafiquants arrêtés au fil des ans figurent des ressortissants congolais, maliens, libanais et chinois. À la source, les braconniers attrapent les pangolins dans leur habitat naturel. Puis des groupes criminels achètent ces animaux et les exportent ensuite vers l’Asie, en passant par des ports comme Douala (Cameroun) ou Lagos (Nigeria).

Le Cameroun et le Nigeria sont des pays importants pour le transit des écailles de pangolins. Quelques pays d’Afrique de l’ouest, comme le Togo, sont eux des pays de transit d’ivoire. Parfois, les trafiquants soudoient les fonctionnaires des douanes afin de garantir le passage des marchandises.

Les principales destinations de ces produits sont les marchés chinois, thaïlandais, malaisien et vietnamien. Une autre route, traversant le Tchad et le Soudan, est également utilisée à destination des pays arabes.

Interdire le trafic ne suffit pas

On constate que l’interdiction du commerce international des défenses d’éléphants, et des écailles de pangolins, ne suffit pas. Il faut donner la priorité à la protection des espèces sauvages en voie d’extinction. Pour ça, il est nécessaire de sensibiliser les populations et d’augmenter le financement des enquêtes. Il faut aussi améliorer la collaboration entre les forces de l’ordre des différents pays.

Les partenaires internationaux devraient également fournir des fonds et des formations pour mettre en œuvre des politiques de lutte contre le trafic d’espèces. Cela pourrait aider à démystifier les propriétés médicinales que l’on attribue à ces animaux, et en faire baisser la demande.

Selon l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), le trafic de pangolins en Afrique a augmenté de 150% entre 1970 et 2014. Entre 500 000 et 2,7 millions de pangolins sont capturés chaque année dans les forêts des pays d’Afrique centrale.

Selon WWF (World Wide Fund for Nature), 20 000 à 30 000 éléphants sont tués chaque année, soit une moyenne de 80 par jour. Les populations d’éléphants d’Afrique ont diminué de 80% ces dix dernières années.

Par Nicolas Koffigan, journaliste et maître en communication.

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