Chat des sables, le chasseur nocturne livre ses derniers secrets


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Un chat des sables (felis margarita)
Un chat des sables (felis margarita)

De nouvelles études sur le chat des sables permettent de mieux connaître cet animal vivant dans les régions désertiques. On en sait davantage sur ses comportements, et notamment ses habitudes de chasse, qui font de lui un félin à part.

Le chat des sables est aussi appelé chat du désert car on le trouve sous des climats chauds, dans les habitats désertiques arides. On a par exemple observé certains spécimens dans le désert marocain mais aussi au Moyen-Orient. Son nom scientifique (ou nom savant, en latin) est Felis margarita. Cette appellation lui a été attribué en hommage à Jean-Auguste Margueritte (1823-1870), officier des troupes françaises en Algérie qui aurait été le premier à observer l’animal dans le Sahara.

Un animal petit

Le chat du désert possède une fourrure de couleur sable, probablement pour s’adapter à son environnement et s’y fondre de la manière la plus discrète. Comme tous les chats, ses marques varient : taches, rayures, ou bien absence de motifs. Caractéristique particulière, cependant : sa queue a une pointe noire avec des anneaux sombres.

L’originalité de ce félin tient aussi à sa petite taille. Il a les pattes courtes et atteint une hauteur au garrot de 24 à 36 centimètres maximum. Sa queue, en revanche, est assez longue : de 23 à 31 cm, selon les individus observés. Autre particularité, sa tête est plate et large, et ses oreilles de 5 à 7 cm accentuent cette impression. Le chat des sables pèse entre 1,5 et 3,5 kilos.

Une étude sur cinq ans

Une récente étude, menée par Panthera France a permis d’effectuer de nouvelles observations sur le félin. Pendant cinq ans, des chercheurs ont suivi plusieurs individus qui étaient équipés de colliers VHF (acronyme de Very High Frequencies en anglais, les ondes radio longues portées). Ce dispositif permet de repérer un animal dans un rayon de plusieurs kilomètres. Sans ça, il est d’ordinaire difficile de suivre le chat, car il laisse très peu de traces, ses pattes étant spécialement isolées du sable chaud.

Les résultats de l’étude, réalisée par Alexander Sliwa (zoo de Cologne), Saad Azizi et Mahmoud Zine Eddine (zoo de Rabat), et Alifal Elha, ont été publiés dans la revue Journal of Arid Environments. Au terme des cinq années d’enquête, les chercheurs expliquent avoir observé des comportements très spécifiques au chat des sables, dont certains sont assez surprenants.

Grégory Breton, directeur général de Panthera France, en livre quelques-uns : les dix chats sauvages suivis dans le sud du Maroc « n’avaient pas de blessures récentes, ni de dents cassés et presque pas de cicatrices » malgré leur déplacements parfois longs. « Ce chat peut partager un habitat avec d’autres chats de son espèce […] du moins [avec] les autres chats du désert ». Ainsi, contrairement aux hommes, il y aurait (à ce stade d’observation) peu de conflit de territoire entre les chats des sables.

Un chasseur redoutable

En dehors de cette apparente « sociabilité », le chat du désert demeure un redoutable prédateur à l’instinct… animal. Felis margarita chasse des rongeurs (principalement des gerbilles et des gerboises), des serpents, des lézards, des insectes, des araignées. Ce chasseur nocturne mange presque tout ce qu’il trouve, indistinctement, car la nourriture est rare dans les zones désertiques. Fait étonnant, le chat des sables n’a pas besoin d’eau car il en trouve suffisamment dans ses proies.

Une technique de chasse originale a été observée chez des individus en Iran et au Pakistan. Le chat utilise au maximum son sens de l’ouïe pour débusquer ses futures proies. Il dirige ses oreilles triangulaires (et les larges conduits auditifs dont il est pourvu) vers le sol pour écouter les bruits des rongeurs cachés sous terre. Une fois qu’il a repéré une présence, le chat gratte rapidement le sol pour surprendre l’animal chassé !

Côté reproduction, ce chat n’est pas en reste. Les femelles donnent naissance à 2 à 4 chatons par portée, après environ 60 jours de gestation, généralement au mois d’avril ou mai. Cependant, on a déjà observé des chats des sables qui mettent au monde deux portées par an. Après leur naissance, les petits se développent rapidement : ils atteignent les 3/4 de leur taille adulte en cinq mois, et sont indépendants au bout d’un an.

Une espèce à protéger

Le chat du désert n’est pas une espèce menacée. Il a été classé comme « quasi-menacé » par le passé mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Malgré cela, sa chasse est interdite dans plusieurs pays : en Algérie, en Mauritanie, en Tunisie, au Niger. Au Maroc comme au Mali, en revanche, il n’y a pas de protection particulière prévue par la loi.

Il est cependant très important de surveiller l’espèce, afin de mieux la connaître et de la préserver dans son habitat d’origine. Les chats en captivité (dans les zoos) ont en effet tendance à développer des maladies respiratoires, du fait de l’humidité et des changements de températures auxquels ils ne sont pas habitués. La conservation de cette espèce, si particulière, n’est donc pas assurée par ce biais.

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