Le Maroc, mauvais élève de la liberté de la presse


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Liberté entravée (illustration)
Liberté entravée (illustration)

Le pays est 144e sur 180 dans le classement annuel de Reporters Sans Frontières, en recul de 9 places. Le voisin algérien, 136e, fait à peine mieux. Dans tout le Maghreb, la liberté de la presse est en recul.

Dans le classement 2023 de la liberté de la presse, établi par Reporters Sans Frontières (RSF), le Maroc est classé 144e sur 180 pays. Il perd ainsi 9 places par rapport à l’année dernière (135e). Un très mauvais bilan pour le royaume.

Absence de médias indépendants

RSF, qui est une Organisation Non Gouvernementale, décrit le pays de Mohammed VI avec lucidité : « La pluralité de la presse marocaine n’est qu’une façade, et les médias ne reflètent pas la diversité des opinions politiques dans le pays ».

L’ONG complète son propos : « Les journalistes indépendants au Maroc subissent une pression continue, et le pouvoir tente de mettre ce secteur aux ordres. Le droit à l’information est écrasé par une puissante machine de propagande et de désinformation servant l’agenda politique des proches du pouvoir ».

Si l’on en croit ce classement, les pays du Maghreb sont globalement de mauvais élèves. On pourrait même parler de cancres – appellation un brin affectueuse – si la situation n’était pas si inquiétante.

L’Algérie est classée 136e (en recul de 2 places). La Tunisie, où la situation est très préoccupante, est classée 121e (énorme chute de 27 places). La Libye, quant à elle, est 149e (perd 6 places).

À ce niveau, il semble difficile de continuer à parler de liberté sans verser dans un monde parallèle orwellien. Dans son roman 1984, l’écrivain britannique George Orwell prophétisait un monde où l’information serait entièrement contrôlée par les Etats, et les mots vidés de leur sens. On y est.

Le contraire de la liberté de la presse

Comme pour ses voisins, on peine à trouver une expression juste pour qualifier le paysage médiatique marocain. De nouveaux mots sont donc à inventer. Quel serait le contraire de la liberté de la presse ?

Inversons les termes, et parlons plutôt d’un classement de « l’oppression de la presse ». Et si le terme ne convient pas, les synonymes ne manquent point : contrainte, entrave, assujettissement, dépendance, servitude, captivité.

Basé sur les observations de Reporters Sans Frontières, Afrik-News propose donc des classements mis à jour :

Classement 2023 de l’oppression de la presse en Afrique

1. Erythrée
2. Egypte
3. Djibouti
4. Libye
5. Soudan
6. Maroc
7. Tanzanie
8. Somalie
9. Cameroun
10. Algérie

Classement 2023 de l’oppression de la presse au niveau mondial

1. Corée du Nord
2. Chine
3. Vietnam
4. Iran
5. Turkménistan
6. Syrie
7. Erythrée
8. Birmanie
9. Cuba
10. Bahreïn

Liberté de la presse, les 10 pays les plus vertueux

1. Norvège
2. Irlande
3. Danemark
4. Suède
5. Finlande
6. Pays-Bas
7. Lituanie
8. Estonie
9. Portugal
10. Timor oriental

On constate que les pays nordiques, ou scandinaves, sont en bonne place. Ce sont des modèles à suivre. La France est classée seulement 24e (gagne 2 places). Les Etats-Unis sont 45e (perdent 3 places).

Dans son bilan annuel, RSF s’inquiète de la montée en puissance de la désinformation. La propagande politique, les manipulations, et les faux contenus générés par l’IA (Intelligence Artificielle) constituent une menace grave pour la liberté de la presse.

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